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Ugo Ferrari, les jambes, la tête et la voix du trail

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Ugo Ferrari, les jambes, la tête et la voix du trail

Fièrement originaire de Savoie, Ugo Ferrari est un personnage entier jamais à court d’idées. D’abord traileur, ensuite speaker puis organisateur, la vie d’Ugo est rythmée par la course à pied qu’il pratique, commente et organise. Le garçon fait parler de lui, de par ses résultats (une 4ème place sur la TDS en 2016 ou le top 5 sur l’Echappée Belle l’année dernière) mais aussi de par sa présence remarquée sur les réseaux (presque 20 000 abonnés en cumulé). Personnage haut en couleurs et véritable figure du trail hexagonal, nous avions envie de rencontrer Ugo depuis quelque temps. C’est chose faite, puisque nous avons récemment eu la chance de converser avec celui que l’on appelle « le Duc ». Rencontre avec ce touche à tout passionné qui ne s’éloigne jamais vraiment des lignes d’arrivées.

Bonjour Ugo, tout d’abord, pour celles et ceux qui ne te connaissent pas, peux-tu te présenter rapidement ?

Bonjour, je m’appelle Ugo Ferrari et je suis un coureur, organisateur mais également speaker de trail. En résumé, si vous me cherchez le week-end, je serais sûrement sur une compétition puisqu’elles rythment une bonne partie de mon quotidien. Depuis quelques années, on me surnomme « le Duc ». Je crois que, précisément, ce surnom remonte à 2019 où j’avais remporté une course dans le Beaujolais, territoire de François D’Haene. Je voulais alors m’auto proclamer « ambassadeur de Savoie » donc je me suis cherché un titre honorifique. Celui de « Duc » était tout trouvé pour plusieurs raisons :  j’aime bien la période du Moyen-Âge et de la Renaissance ; Chambéry est la cité des Ducs de Savoie et j’avais déjà participé à la TDS, la Trace des Ducs de Savoie, en 2016. Tout collait parfaitement donc je trouve que ces petites coïncidences font que ce surnom me va plutôt bien !

Au fil du temps, j’ai donc créé un personnage autour de ce surnom. Ça me permet de développer mon côté blagueur dans ma communication.  Avant ce surnom, quand j’avais des propos un peu satiriques, les gens pensaient souvent que c’était du premier degré...

 

Finalement, ce personnage de « Duc » est très présent, autant sur ton site, tes réseaux que lorsque tu commentes une course ?

Oui, lorsque je suis speaker, mais pas seulement. Je m’en sers dans ma manière de communiquer : lorsque je vais présenter une préparation de course, lorsque je vais faire un compte rendu, je vais pouvoir beaucoup en rajouter, en faire des caisses et me mettre en scène. Je trouve cela assez drôle. En plus de partager mes expériences et ma passion du trail, j’essaie aussi de faire rire les personnes qui me suivent. Des comptes-rendu de course, il en existe des centaines, qu’ils soient faits par des athlètes de haut-niveau ou par des sportifs amateurs. Dans tous les cas, c’est souvent sur le même format ou le même ton. Là, ça me permet de me différencier et de rendre la chose plus vivante. C’est ma petite touche personnelle finalement !

 

Avant de te mettre au trail, tu as longtemps pratiqué le vélo en compétition. Comment en es-tu arrivé à courir et comment s’est opérée la transition ?

Oui, j’ai d’abord fait du cyclisme sur route puis du VTT pendant plusieurs années à un niveau national. Puis je me suis mis à courir, mais pour être honnête, j’ai très mal fait cette transition [Rires]. À vrai dire, une fois en école d'ingénieur j’avais moins envie de rouler, en partie à cause de la charge de travail qui était très conséquente. J’ai donc totalement arrêté le vélo pendant deux mois. Puis un soir, un peu par hasard, je suis allé courir avec un copain. Ça m’a tout de suite plu donc j’ai enchaîné avec un, deux puis trois entraînements dans la continuité, mais sans me prendre la tête. Après nos partiels, une fois que la masse de travail était retombée, on a commencé à s’ennuyer. On a donc ciblé une course d’une vingtaine de kilomètres, vers chez moi, le Trail de Montagnole, pour nous remotiver. La course s’est assez bien passée malgré une météo détestable et de la pluie sans discontinuer. Pour dire, l’organisation avait même dû détourner le parcours à certains endroits. Un joli baptême du feu, mais qui ne m’a pas du tout dégoûté, au contraire, puisque j’ai ensuite enchaîné avec d’autres courses du même type. Puis dès le printemps suivant, j’ai ciblé des courses plus longues.

En parallèle, je roule toujours beaucoup. Récemment, j’ai été en stage à Tignes donc dans un cadre sympa pour rouler. Je pense que la pratique du vélo représente environ 50% de mon temps d’entraînement, ce qui n’est pas rien.

 

Peux-tu nous expliquer ce qui te passionne tant dans le trail running ?

Au début, ce que j’aimais beaucoup, c’était le fait que la pratique ne prenait pas énormément de temps. Je courais 3 fois 10 kilomètres dans la semaine, ça me suffisait pour accrocher quelques dossards... Maintenant, c’est vrai que la pratique m'occupe bien plus ! Ce qui m’a vite plu, c’est la découverte. C’est aussi pour cela que j’ai rapidement regardé des courses plus longues, typées ultra, pour le côté aventure. Je me suis rendu compte que grâce au vélo, je connaissais toutes les routes autour de chez moi. Maintenant, la pratique de l’ultra me permet de découvrir ce qu’il y a après le col cycliste, au-dessus. J’ai pu redécouvrir ma région et aller au-delà de la route. Je connais maintenant tous les sommets autour de chez moi !

Ugo Ferrari, ultra trailer passionné et passionnant

Tu nous parlais au début d’une fréquence de trois entraînements par semaine. Avec les courses plus longues aujourd’hui, quel est ton nouveau rythme d’entraînement ?

Mon rythme change toutes les semaines, surtout en fonction de mon travail de speaker du week-end. Avec mon entraîneur, on s’adapte au quotidien et mes semaines vont osciller entre 15 et 35 h d’entraînement environ. Cela va dépendre du bloc d’entraînement que l’on veut faire et de ma charge de travail en face, il faut trouver le bon compromis. La seule chose que je m’impose, c’est de ne pas travailler durant le week-end de l’UTMB®. Ces jours-là, c’est moi qui cours !

Très souvent, je fais mes gros entraînements en semaine et je travaille le week-end sur les courses. En juillet par exemple, lors des grosses semaines de préparation pour l’UTMB®, je travaillais tous les week-ends. Je faisais donc des très gros blocs d’entraînement du mardi au jeudi pour ensuite me reposer et seulement travailler durant le week-end.

 

Tu présentes d’ailleurs souvent l’UTMB® comme ton top objectif de l’année. Qu’est-ce que cette course représente de spécial pour toi ?

En fait, c’est une course que j’ai toujours suivie, même plus jeune lorsque je ne faisais pas encore de trail. Surtout que des amis de mes parents ont participé aux premières éditions, on suivait donc en famille. Ensuite, avec la mise en place du suivi chronométrique, je pouvais suivre l’intégralité de la course. Je regardais le soir le classement et je découvrais le lendemain en me levant que tout était chamboulé. Ça me fascinait. Ensuite, quand j’ai commencé à courir, j’en entendais forcément parler, car c’est la course la plus médiatisée au monde !

C’est quand même quelque chose de mythique ce Tour du Mont-Blanc ! C’est connu mondialement, le plateau est tout simplement le meilleur, la densité est deux fois plus importante que sur n’importe quelle course, … Puis bien-sûr, ce n’est pas loin de la maison [Rires].

À titre personnel, j’y ai déjà participé deux fois, en 2018 et en 2019, et j’y retourne fin août pour ma troisième participation.

 

Quand on prend en compte tous les aléas qui interviennent lors d’un ultra, penses-tu que la course parfaite existe ?

Oui  bien sûr. Si on prend l’exemple de l’UTMB®, il y a 4-5 personnes qui peuvent le remporter : Jim Walmsley, François d’Haene, Xavier Thévenard et lorsqu’ils sont là Kilian Jornet et Pau Cappell. Derrière, il y a tout un tas de coureurs qui, s’ils font la course de leur vie - c’est-à-dire une course qui se passe bien de A à Z - vont pouvoir monter sur le podium. Par exemple, en 2018, sur le podium, il y avait Jordi Gamito. C’est un coureur que j’ai déjà battu sur d’autres compétitions, donc ce n’est pas un ovni par rapport à moi. Pareil, en 2019, tu retrouves Scott Hawker, de qui j’ai déjà terminé assez proche sur d’autres épreuves.

Il y a donc une vingtaine d’outsiders, qui, selon leur préparation et le déroulement de la course, peuvent tirer leur épingle du jeu.

 

Toi, personnellement, quelles sont tes petites astuces pour atteindre cette course parfaite ?

J’essaie de mettre toutes les chances de mon côté. Premièrement, je réfléchis beaucoup en amont de la course, un mois voire un mois et demi avant le départ. Je tâche de penser à tous les petits détails afin de ne manquer de rien : la nourriture, les vêtements à emporter, ... Le changement de chaussures durant la course a également son importance. Comme pour beaucoup, c’est ma famille qui m’assiste sur la course. J’essaie donc de leur préparer un roadbook simple et clair pour qu’ils puissent m’aider au mieux. Normalement, une fois que tout cela est fait, que la préparation n’a pas été perturbée par une blessure ou autre, c’est bon. Cette année, j’ai rajouté un petit stage en altitude, à Tignes, pour arriver encore plus prêt. On verra vite si ça paye !

Après, il y a toujours des inconnus et des imprévus qui s’invitent à la fête, surtout au niveau de la météo. Normalement, trois à quatre jours avant le départ, tu sais à quelle sauce tu vas être mangé. S’il pleut toute la course, tu sais que ça va être l’horreur. 

Ugo FerrariUgo Ferrari, la recherche de la course parfaiteUgo Ferrari

As-tu une anecdote à nous partager sur l’un de tes ultra-trails ?

En 2019 sur l’UTMB®, j’ai eu une déshydratation assez tôt dans la course. Ça avait été le cas pour pas mal de monde cette année-là. En fait, le temps était très incertain au départ de la course donc on était tous assez habillés, même si les températures étaient assez chaudes. Dans la première bosse, avec l’intensité de l’effort, on s’est tous déshydratés. C’est d’ailleurs pour ça que beaucoup ont arrêté à Courmayeur, transis de crampes. Moi, je n’étais pas bien et arrivé au col de la Seigne, je me rends compte que mes urines sont vraiment très foncées. Et le problème est qu’à cet endroit, tu es seulement à 6 h de course. Je me voyais mal arriver jusqu’à la ligne dans cet état.

Je me suis donc retrouvé à aller courir dans les ruisseaux à droite à gauche pour remplir mes flasques et boire énormément afin de tenter d’inverser la tendance. Quand je suis arrivé à Courmayeur, ça allait mieux, même si j’avais perdu beaucoup de temps. Je repars du ravito à bloc, content d’avoir enfin réglé ce problème, et d’un coup je fais une grosse fringale : obsédé par le besoin de boire, j’en avais oublié de manger…

Ce n’était pas la situation rêvée, surtout qu’à ce moment-là tu es au beau milieu de la montagne, à 2 500 m d’altitude et il est une heure du matin. Si tu as un problème, tu es tout seul et tu dois te débrouiller. Tu peux toujours t’amuser à appeler le PC course, mais ils ne vont pas arriver au bout de deux minutes en claquant des doigts…

 

Au contraire, un meilleur souvenir ?

Un très bon souvenir… Il y en a tellement de bons souvenirs [Rires] ! En 2016, sur la TDS, lorsque je termine quatrième. J’étais très en forme et j’ai fait une super course alors que je ne m’y attendais pas. Les derniers kilomètres avaient été très difficiles, mais à la fin, entrer dans Chamonix en quatrième position et premier français était incroyable. Je m’étais beaucoup entraîné toute l’année, mais sans jamais me sentir vraiment en forme et ce jour-là ça a payé. Un peu comme cette année d’ailleurs…

 

Quelle autre course te fait également rêver et pourquoi ?

Je pense qu’un voyage qui me fait rêver, ce serait d’aller faire une des deux courses mythiques des USA : la Hardrock ou la Western States. C’est tellement loin et gros qu’il faudrait que je parte un mois ou deux afin de m’imprégner de l’ambiance, de l’atmosphère, de découvrir cette culture totalement différente. Finalement, la course serait plus un prétexte pour me rendre sur place et visiter le Colorado, ses montagnes et ses parcs nationaux. J’irai bien faire une course en Chine aussi, mais pour cela il faudrait que je trouve quelque chose de sympa avec un beau paysage qui me permette aussi de découvrir une nouvelle culture. À voir comment cela se développe avec le nouveau circuit de course by UTMB®, si j’ai l’opportunité de me rendre sur place.

Mais bon, il y a déjà tellement de choses à faire en France ou en Europe.

 

C’est sûr qu’il y a pas mal de courses et que le calendrier est bien chargé…

Oui c’est sûr. [Rires] Ce dimanche par exemple, je vais faire la course de Val Thorens, et malgré le fait que la course existe depuis de nombreuses années et sa proximité, je n’y suis jamais allé. Ce sera donc l’occasion de découvrir une nouvelle course et un coin sympa. Ce sont des organisations de stations donc généralement nous sommes bien reçus. C’est aussi pour les gens qui sont en vacances, comme le Tignes Trail que j’anime la semaine d’après. Il y a beaucoup de distances relativement faciles pour permettre aux gens présents dans la station de se faire plaisir. Généralement ils mettent un trail d’une quarantaine de kilomètres pour attirer quelques coureurs régionaux.  

Là, justement, je vais faire le 42 km qui sera mon dernier gros effort dans ma préparation de l’UTMB®. Je ne vais donc pas arriver très frais au départ. Le but du jeu sera réellement de se mettre minable sur la course [Rires]). Donc je ne vais pas spécialement réfléchir, je vais quand même doser mon effort pour ne pas terminer en marchant, mais je vais y aller franchement en m’engageant totalement.

Ensuite derrière, selon ce qu’il reste dans le réservoir, il y aura une longue sortie à vélo sur un rythme très doux afin de simuler une fin d’ultra et la fatigue musculaire qui l’accompagne. Le lendemain bien sûr, je précise. Même si j’ai déjà fait un autre effort juste après une course.

(ndlr : depuis l’interview, Ugo a été à Val Thorens, où il s’est classé 8ème).

Ugo Ferrari, objectif utmb

Tu n’avais pas assez donné pendant la course ?

C’était en 2019, j’avais fait la course de Montreux en Suisse. C’est quand même 55 km avec 4 000 m de dénivelé, une bonne course montagneuse. Le soir, j’étais retourné faire 6h d’aller-retours dans une bosse pour vraiment me matraquer les jambes à la descente. J’avais fini à 2 ou 3 h du matin sous l’orage, à marcher dans un torrent de boue. C’est vraiment un souvenir délicieux [Rires]).

Ça avait été une journée à 7 000 m de dénivelé. Généralement, les coachs recommandent de faire un gros effort 3 à 5 semaines avant la course donc là, c’était l’occasion de faire une très grosse dernière séance. Après bien sûr, il y a eu 3-4 jours de repos pour bien récupérer.

 

Depuis combien de temps es-tu suivi par un coach ?

Je suis avec Patrick Bringer depuis janvier 2016. Avant, en 2015, j’étais avec Mathieu Bonnand. Lui était plutôt spécialisé sur les courses de 45-50 km. C’est pour ça que je ne suis resté qu’une seule année avec lui, je voulais  ensuite m’orienter plus sur de l’ultra et des longues distances. Il m’a cependant permis de passer de beaux paliers physiques sur ce type d’effort de 5 à 7 h. Il ne se sentait pas assez spécialiste pour continuer de me préparer sur des efforts plus longs. J’en garde de très bons souvenirs. 

Ugo Ferrari et Altra : la passion du trail

Tu cours depuis quelques années avec les produits Altra. Comment ta relation avec la marque s’est-elle créée ? Pourquoi Altra d’ailleurs et pas une autre ?

En 2016, j’étais dans la Team Adidas et très peu de chaussures me convenaient, car j’ai un pied assez large. Je me suis donc retrouvé à faire la TDS, 117 km en montagne, avec les Adidas Adios, une paire de chaussures destinée au semi-marathon et à la course sur route. C’étaient les seules chaussures de la gamme qui avaient un chaussant assez large pour me convenir. Il ne pleuvait pas donc je me suis dit « aller c’est bon ça va passer ». En plus les chaussures avaient une semelle Continental® donc je disposais d’une bonne accroche.

Ensuite, la Team Adidas s’est arrêtée. Au même moment j’avais vu des vidéos sur le minimalisme, et j’avais aperçu la publicité de la marque Altra. J’ai été intrigué par la particularité du Zero Drop et de la Toe Box plus large donc j’ai acheté une paire de Lone Peak d’occasion. Dès les premières sorties, je me suis vraiment senti très bien dans ces chaussures.

J’ai fait mes petites recherches et j’ai trouvé le numéro du responsable de la marque en France, un ancien d’Adidas. Je l’ai appelé en me présentant, en donnant quelques-uns de mes résultats et surtout en insistant sur le fait que je me sentais bien dans les produits de la marque. Je lui ai demandé s’il pouvait m’aider en me donnant quelques paires de chaussures. Il a accepté et la relation s’est créée comme ça. La marque était encore très petite en France. Depuis, elle continue de se développer, tout comme notre collaboration puisque je reçois de plus en plus de chaussures tous les ans, un peu de textile…

En 2020, nous avons créé la Team Altra France. Cette année, ils m’ont mis dans la Team Europe avec Grinius et Hajnal. Pour le moment, j’ai fait une année relativement moyenne donc il va falloir que je me rattrape à l’UTMB® [Rires] ! En tout cas, d’années en années, c’est de mieux en mieux, la marque se structure, ils font du textile, les dotations s’améliorent. Ça se développe bien et notre relation est très bonne donc c’est super positif.

Quels sont tes produits Altra préférés ?

Je cours essentiellement avec la Lone Peak. C’est ma paire de prédilection. En début d’année, quand la marque m’a demandé mes préférences pour la dotation, la quasi-totalité de ma commande était sur la Lone Peak. On m’a quand même forcé à prendre une paire de route [Rires]. Et puis, j’utilise également la Olympus, que je porte sur des sorties très longues, mais également sur des fins de course.

Concernant la Lone Peak, elle colle vraiment parfaitement à mon pied. Je suis comme dans des pantoufles. Elle a une semelle intermédiaire donc elle est assez passe-partout. Vraiment je l’utilise tout le temps. Dès que je fais 40-50 km, je mets la Lone Peak. Ensuite pour des sorties un peu plus de qualité, j’utilise la Superior qui permet de travailler un peu plus le pied avec sa semelle assez fine.

Enfin, je porte l’Olympus quand je suis vraiment cramé [Rires]. Quand tu cours un peu n’importe comment, mieux vaut avoir de l’amorti sous le pied pour se préserver au maximum. Typiquement, sur une fin d’UTMB®, c’est la chaussure que je porte. Je la chausse à Courmayeur. Un peu à regret au début, mais finalement elle est très utile pour descendre le Grand Col Ferret. Comme tu as 20 km de descente à ce moment-là et que tu commences à fatiguer, c’est bien de pouvoir se lancer dans la descente avec un gros amorti.

Ces dernières années, j’ai terminé relativement fatigué donc j’ai fini la course en Olympus, mais pourquoi pas remettre les Lone Peak à Trient car la fin de course est relativement caillouteuse. Si je suis un peu plus frais [Rires].

As-tu d’autres partenaires qui t'accompagnent au quotidien ?

Oui, j’ai un autre partenaire assez conséquent au niveau du textile, Brubeck. La marque est spécialisée dans les vêtements proches du corps. En plus, tout est fabriqué en Europe donc c’est plutôt cool. Ensuite, j’ai Baouw Organic Nutrition pour le côté alimentaire. C’est également un gros partenaire, car on mange beaucoup quand on fait des sorties longues [Rires]. Enfin j’ai d’autres petits partenaires qui épisodiquement me donnent un petit peu de matériel selon mes besoins.

Ugo Ferrari, un traileur passionné

Comment fais-tu pour sélectionner un partenaire ? Tu les choisis en premier lieu en fonction de leur localisation ?

Oui, c’est ça. Déjà, il faut que cela soit quelque chose dont j’ai besoin. Dernièrement par exemple, je faisais des photos de café sur Instagram et j’avais commandé des grains sur un site internet basé à Annecy. Je les ai identifiés dans une de mes stories et ils ont bien aimé ça. J’ai échangé avec le fondateur et ensuite ils m’ont envoyé quelques produits.

Et pour mes autres partenaires, tout est venu d’un besoin également. J’ai directement échangé avec la personne pour compenser un besoin sur le long terme. En échange, je communique sur la marque. Après, j’ai un profil assez particulier donc beaucoup de marques savent qu’elles ne peuvent pas travailler avec moi. Il faut que ce soit un produit de qualité, qui a été fait le plus proche possible de chez moi et de manière raisonnable. Par contre, je ne suis pas naïf, je sais que mes bâtons de trail en carbone viennent de Chine, le carbone ne se travaille que là-bas. Mais bon, à un moment donné il me faut bien des bâtons [Rires] !

 

Tu as décidé de devenir speaker il y a quelques années, pourquoi ce choix ? 

J’étais ingénieur et mon contrat de travail s’est brusquement arrêté à la fin de l’année. Je me suis retrouvé du jour au lendemain sur le marché du travail sans savoir ce que j’allais faire. Je me suis vite rendu compte que refaire mon CV, postuler à des offres d’emploi et avoir une réponse trois semaines plus tard ne m’intéressait pas. Je trouvais ça pénible de devoir me battre pour un travail, les entretiens d’embauche ne me plaisaient pas…

Je me suis donc dis que je devais travailler pour moi et faire une activité en freelance.  Là, je me suis rendu compte que je ne savais rien faire [Rires]. Je ne suis pas artisan, je ne sais rien faire de mes mains, donc c’était problématique. À un moment donné, je ne sais plus comment, mais j’ai pensé aux personnes qui sont au micro sur les courses. J’ai pensé à Ludovic Collet, car je le voyais souvent aux arrivées des courses et je me suis dit qu’il devait être payé pour faire ça. Je l’ai donc appelé et je lui ai demandé. Il m’a confirmé que c’était bien son métier et je lui ai dit que ça m’intéressait. Il me connaissait en tant que coureur et nous nous apprécions, de plus il était content que je m’y intéresse, car lui est déjà très occupé et son emploi du temps d’animation est plein.

Il était enthousiaste à l’idée de former un jeune speaker. Il m’a donc amené avec lui sur des courses de trail et m’a donné le micro à quelques occasions pour voir comment je me débrouillais. Après quelques tests, il m’a dit que ce n’était pas si mal et que je pouvais me lancer. Il m’a donné quelques contacts et c’est ainsi que tout a commencé pour moi.

Ugo Ferrari : speakeur et organisateur en trail

Cette activité t’a tout de suite plu ?

Pas trop au début [Rires]. Enfin, j’aimais bien faire cette activité, mais j’ai découvert l’envers du décor : le fait que le speaker arrive très tôt sur les évènements et repart très tard le soir. Les trajets peuvent être parfois très longs pour se rendre aux évènements et la nourriture… pas folle ! Le sommeil est aussi assez rare… Je me suis rendu compte des contraintes ! Mais après, j’ai quand même vu que globalement ça me plaisait. Sur le coup, pendant 5 ou 6 mois, j’ai trouvé que c’était assez difficile comme activité.

Maintenant, c’est beaucoup plus facile et plaisant. Je reviens souvent sur les mêmes organisations d’une année sur l’autre donc je sais comment la course fonctionne, je connais les zones de départs, je sais où je vais être logé. J’ai des habitudes, des automatismes…

 

D’un point de vue organisation, comment une animation se passe-t-elle ?

En fait, chaque organisation de trail est très différente. Parfois j’anime des courses avec deux départs et 400 personnes à chaque fois ; et parfois avec de nombreux départs, un village et des exposants….

Le mieux c’est lorsque l’organisation dispose d’un sonorisateur, là, c’est lui qui me fournit le matériel, on peut se caler ensemble pour mettre de la musique et créer une bonne ambiance autour de la course. Quelques fois, l’organisation dispose d’une sono et me la met à disposition. C’est un peu plus difficile, car je dois prendre mes marques et faire les réglages moi-même donc je jongle un peu entre les deux tout au long de mon animation. La plupart du temps, j’amène ma propre sono. Il y a quelques loupés de temps en temps, mais ce n’est pas grave. Chaque animation est différente et il faut sans cesse s’adapter.

 

Une anecdote croustillante sur une course que tu animais ?

Des anecdotes, il y en a beaucoup car chaque événement a son lot de surprises [Rires] ! Par exemple, les groupes électrogènes qui lâchent pour diverses raisons. Une fois, on n’avait plus eu de son pendant 30 min, inutile de vous dire que c’était assez long. Dans ces moments-là il vaut mieux mettre de côté l’animation pour résoudre le problème le plus rapidement possible. Aider le sonorisateur à changer les câbles ou autres.

Sinon, une autre fois, la sono était un peu éloignée du départ et fonctionnait mal donc le temps de tout déplacer, nous sommes arrivés 30 secondes avant que la course ne s’élance. Juste le temps de faire un rapide décompte et c’était parti.

Après, une fois que le départ est donné, à moins qu’il y ait un village avec des exposants, c’est la pause. Tout le monde est plus détendu, notamment les bénévoles. On prend un café, on discute... On se penche ensuite sur les chronos, les points de passage puis la famille revient petit à petit et ensuite, on recommence l’animation. Mais on reste quasiment tout le temps sur la ligne de départ / arrivée. Sur les ravitaillements, j’ai plus l’impression de gêner les coureurs qu’autre chose. Si tu leur cries dans les oreilles dans une salle ou un chapiteau, tu vas vite énerver les gens. Et puis tu ne vas pas interviewer les traileurs qui sont en plein effort.

 

Tu as également repris la direction de la course du Nivolet-Revard ? Pourquoi cette décision ? 

En fait, mes parents sont dans le bureau de l’association depuis les débuts en 2003 et je les ai toujours vu donner un coup de main sur la course. Moi même lorsque j’étais un peu plus âgé, j’y allais afin d’aider un peu et puis une année, le président répétait qu’il cherchait à passer la main. Là avec mes parents, nous avons senti un peu le truc venir, c’est-à-dire que le bureau était resté le même depuis le début et personne ne voulait reprendre le stress qu’impose le rôle de président. Gérer les différentes autorisations, la paperasse, les partenaires….

Je voyais que personne n’allait reprendre et comme je suis speaker et que j’ai un peu de temps, j’ai décidé de reprendre l’organisation de la course pour qu’elle continue d’avoir lieu. On a d'ailleurs fait une très belle année lorsque j’ai repris. Vraiment une grande réussite.

 

Le Covid a remis en cause presque tous les événements, comment as-tu géré cette période sur le plan sportif, mais également professionnel ?

Ça m’a beaucoup énervé, car il y a tout un tas de restrictions, on ne peut plus rien faire. En tant qu’organisateur, tu passes beaucoup de temps à préparer ta course. Les deux fois où notre course a été annulée, ça a été au dernier moment. Je trouve que c’est un manque de respect vis-à-vis des gens qui s’investissent pour que les évènements puissent avoir lieu.

Sur le plan sportif, j’ai perdu une année, car les compétitions étaient annulées au dernier moment. On prenait un dossard sans savoir si la course allait avoir lieu donc c’était très compliqué oui. Et en tant que speaker, comme il n’y avait plus d’évènements je ne travaillais plus...

Ugo Ferrari, traileur professionnel

Tu animes depuis 2018 un podcast, “Le podcast de Ferrari” peux-tu nous en dire plus ? Quels sont les thèmes abordés ? Comment les choisis-tu ?

Tous les mercredis, j’essaie de répondre à la question d’un auditeur qui m’a été envoyée par mail. J’y réponds en lui parlant des quelques expériences que j’ai eues, je lui parle de mon vécu. Le but est qu’il se fasse une idée de comment je m’en suis sorti, de voir si le schéma peut lui correspondre ou non. Cela rend la chose plus vivante et permet de créer un lien de proximité. J’ai un gros stock de questions, mais il s’épuise quand même assez rapidement donc de temps en temps je fais un petit rappel pour qu’on m’envoie de nouvelles questions. Je vais bientôt arriver au 180ème podcast donc c’est assez cool de voir que ça dure depuis tout ce temps.

 

Tu as récemment sorti un e-book sur l'entraînement avec ton ami Nicolas Martin, peux-tu nous en dire plus sur ce projet ?

L’an passé je me suis lancé sur la plateforme Patreon au moment de la Covid et je ne savais pas trop ce que j’allais publier sur la plateforme. Assez rapidement, je me suis retrouvé à solliciter et rémunérer des spécialistes pour qu’ils m’écrivent des articles de qualité à mettre sur la plateforme afin que mes “Patreotes” puissent lire des choses intéressantes sur l’entraînement. Nicolas, qui est un ami à moi, a déjà écrit pas mal d’articles. Cet hiver, en les relisant, j’ai remarqué la quantité que ça faisait, surtout si on les rassemblait. J’ai vu que ça faisait presque un livre et qu’il était possible de faire un gros PDF avec tous ces articles que l’on pourrait publier. Donc c‘est parti comme ça, assez simplement.

J’aimerais bien les sortir en livre, mais il faut retoucher quelques détails et ni moi ni Nicolas ne nous sommes encore penchés sur le sujet...

 

Travailles-tu sur d’autres projets pour les mois ou les années à venir / Tes ambitions de course ?

Non rien de particulier, j’aimerais bien que l’on retrouve un calendrier un peu normal [Rires]. Que 2022 soit meilleure. Le petit changement que je vois, ce sont les courses by UTMB®. J’attends de voir le calendrier afin de savoir si je vais me positionner sur des évènements ou non. Pour le moment, l’UTMB® est toujours la course que je cible chaque année. Après j’ai généralement du temps fin novembre début décembre et fin février. C’est là que je peux cibler deux autres gros objectifs. Est-ce que je retournerai sur des courses que j’ai déjà faites ou sur de nouvelles courses du calendrier by UTMB®, pour le moment je ne sais pas encore. Mais sinon, pas de réel autre gros projet pour le moment.

 

Merci Ugo pour tes réponses et ta disponibilité. Bon courage pour la fin de ta préparation et bonne chance pour l’UTMB® ensuite !

©Crédits photos : 

©Justin Galant - ©Elodie Gregoire - ©Bruno Lavit - ©Paul Viard-Gaudin

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